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 Trinité  cyclisme "Des copains d'abord"

Déontologie...à vitesse variable!

30 Avril 2013 , Rédigé par Coach

 

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Quand des journalistes dénoncent… un journaliste !
denonciation-delation

 

Robert
Ménard
Journaliste.
Fondateur de Reporters sans frontières.

L’heure est à la délation dans la presse. Il ne sera pas dit que le journaliste qui a filmé le « mur des cons » dans les locaux du Syndicat de la Magistrature restera impuni. Il est urgent qu’il soit châtié. Et ce n’est pas seulement la direction de France 3 qui le réclame mais ses confrères syndiqués ! Eh oui, prenant son courage à deux mains, le SNJ-CGT de la chaîne publique a demandé que soit traduit en conseil de discipline l’auteur présumé des images. En attendant de le virer purement et simplement, j’imagine.

Vous me direz : que représente le SNJ-CGT ? Rien ou presque, c’est vrai. Mais il n’est pas seul ! Son grand frère si j’ose dire, je parle du puissant Syndicat national des journalistes, donne dans la même veine, rappelant « que l’utilisation d’images volées dans un lieu privé, en l’occurrence les locaux du SM, est contraire à la déontologie professionnelle la plus élémentaire ».

 Parce que, vous ne l’aviez pas remarqué à la lecture de la presse ou en regardant la télé, mais les journalistes ont des principes. Ils ont toujours à portée de mains leur charte déontologique. Et ils s’en servent. La preuve ? Ils sont bien décidés à faire payer son audace à leur confrère qui a eu le mauvais goût de filmer les locaux du Syndicat de la Magistrature.

Le scandale, vous l’avez maintenant compris, ce n’est pas d’avoir épinglé la bobine des « cons » en question sur un mur mais de le dénoncer ! On ne« vole » pas des images. On doit respecter le caractère « privé » des lieux expliquent aujourd’hui nos porteurs de carte tricolore. Les mêmes qui applaudissaient quand Mediapart rendait public les enregistrements du majordome de madame Bettencourt ou l’enregistrement des propos de Jérôme Cahuzac sur le répondeur d’un de ses ennemis politiques. Rien de privé dans ces cas, bien entendu…

La mauvaise foi n’a pas de limite. Ou, plutôt, l’indignation à géométrie variable. Contre la droite, les riches, la réaction, les extrémistes, tout est permis. Mais qu’on ne touche pas aux amis de gauche : aussitôt, on vous sort les grands principes oubliés le reste du temps. On aime, dans la presse, le journalisme d’investigation mais seulement quand il s’intéresse à une partie de l’échiquier politique… pas touche aux forces du progrès.

Et je vous rassure, nos syndicalistes ne sont pas seuls. Jean-Luc Mélenchon est entré à son tour dans le débat autour du « mur des cons », apportant son soutien au Syndicat de la Magistrature au nom de… « la liberté d’expression ». Une liberté qu’il a raison d’invoquer, lui qui se plaît à la refuser – y compris violemment – à ceux qui ont l’audace de le questionner sur un ton qui ne lui sied pas. Il faudra le rappeler aux syndicats de journaliste…

À écouter ces grandes consciences, on en finirait par oublier qu’il s’est trouvé des magistrats pour établir une liste de mauvais esprits qu’ils pourraient demain être amenés à juger. Et ce sont eux qui sont censés nous informer…

Robert Ménard, le 30 avril 2013
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